Ciné-débat

Prévention des abus sexuels envers les enfants

ÉTINCELLES a adopté le parti-pris  de proposer des actions de prévention conduites par des professionnels et s’adressant aux adultes, parents ou non, sans méconnaître ni minimiser les effets d’actions de prévention (parfois qualifiées d’autoprotection ou auto-défense) conduites à destination des enfants et adolescents, souvent dans le cadre scolaire.

L’OMBRE DU DOUTE

Un film d’Aline Issermann avec Alain Bashung, Mireille Perrier, Sandrine Blancke. Drame français – Durée : 1h47

Alexandrine, 12 ans, serait le seul témoin d’un crime qu’elle arrive à peine à dénoncer. Pourtant, quelques mots suffiront à semer la panique autour d’elle. Pourquoi porte-t-elle des accusations horribles envers son père pour ensuite se rétracter ? Qui croit-on, qui doit-on croire, de l’enfant ou du père ?

 

FESTEN

Un film de Thomas VINTERBERG – Danemark 1998 – durée : 1h46

Pour fêter son soixantième anniversaire, un patriarche réunit sa famille et ses amis dans son manoir. Le fils aîné est chargé par son père de dire quelques mots au cours du dîner, sur sa sœur jumelle, Linda, morte un an plus tôt. Personne ne se doute de rien, quand Christian se lève pour faire son discours : Il révèle alors devant tous les invités que, durant son enfance, son père abusait de lui et de sa sœur jumelle…

L’association propose des soirées « ciné-débat », gratuites, comportant la présentation d’une œuvre cinématographique suivie d’un débat animé par un psychologue.

L’objectif  de ce programme est de permettre  à l’adulte de mieux protéger les enfants dont il a la charge  ou avec lesquels il est en relation  grâce à une meilleure connaissance et une meilleure analyse des situations d’abus sexuels d’enfants et leurs conséquences sur les victimes.

Toute association ou collectivité corrézienne intéressée par ce programme peut co-organiser  une soirée « ciné-débat » :
ÉTINCELLES fournit l’intervenant et le matériel de projection (sauf l’écran).

L’association ou la collectivité partenaire  cherche le public (les films sont déconseillés aux moins de 12 ans), réserve une salle pour une trentaine de personnes, avec écran de projection.

Entretien accordé par Guy DESCLAUX

Guy DESCLAUX est psychologue, animateur des débats

L’intérêt des soirées de prévention organisées par l’association Etincelles est de permettre aux parents d’avoir un échange entre eux, sur la façon de relationner avec leurs enfants, sur les réactions de leurs enfants autour de la question du corps, de la tendresse et de la sexualité au sein de la famille, d’une façon simple. Ces questions peuvent aussi être adressées à des professionnels en institution mais généralement cela n’a lieu que lorsqu’il y a déjà des problèmes bien identifiés, avérés, où l’on est déjà du côté du passage à l’acte, du côté du curatif. Lorsque les problèmes ont pris une importance telle que leur résolution nécessite un signalement aux instances de la protection de l’enfance, nous ne sommes plus dans le champ de la prevention mais dans celui de la justice et du thérapeutique. Du côté de la prévention, nous ne sommes pas le plus souvent face à des situations incestueuses avérées ou des situations d’attouchements sur mineur necessitant un signalement, mais plutôt face à des positionnements inappropriés, des postures éducatives ambivalentes, des relations affectives passionnellles, fusionnelles, excessives et exclusives qui peuvent angoisser les enfants, mais aussi les parents, et qui, faute d’être identifiées, reconnues et traitées peuvent parfois dégénérer, s’amplifier et déboucher sur de la maltraitance, des attouchements sexuels et des viols sur mineurs.

Dois-je frapper à la porte de la chambre de ma fille qui a douze ans avant de rentrer ? Jusqu’à quel âge peut-on laver son enfant ? Depuis que mon mari est parti, mon fils veut venir dormir avec moi, il a six ans, il fait des cauchemars, est-ce bien ? J’ai surpris ma fille de 8 ans visiter des sites pornographiques avec sa petite cousine, que dois-je faire ? J’ai surpris mon fils de 7 ans et sa soeur de 5 ans en train de se tripoter, est-ce grave ? Ma belle fille de 16 ans me demande depuis quelques temps de venir lui masser le dos prétextant des courbatures, ai-je raison de m’angoisser ? Pour simples qu’elles soient, ces questions ne sont pas abordées facilement à l’intérieur des familles, car il y a beaucoup de tabous les concernant. Comment aborder la question de l’intimité entre parents et enfants ? Comment différencier tendresse, sensualité et sexualité ? Doit-on parler de sexualité en famille ? Comment vais-je être jugé si j’ en parle ? Ces questions simples sont difficiles à travailler du côté parental puisqu’elles soulèvent celle de savoir ce qu’est un bon parent, renvoient à l’acceptation du fait que l’enfant grandisse : les parents se sentent parfois légitimes d’être intrusifs, de contrôler, de pénétrer dans l’intimité sociale ou relationnelle de leur enfant, d’avoir un droit de regard sur leurs relations amoureuses. Les recompositions familiales brouillent les repères familiaux traditionnels et peuvent parfois être source de confusion intergénérationnelle.

Ces soirées s’appuient sur des films. Le film sert d’interface, de miroir et de médiation et permet la verbalisation. Les films trop dramatiques, avec leur part de voyeurisme, de spectaculaire, conduisent à mettre à distance, à ne pas s’identifier, à se dire : je ne suis pas un agresseur d’enfant, un pédophile, et perdent de leur pertinence et de leur efficacité. Notre préférence va donc à des films mettant en scène des événements de la vie quotidienne moins caricaturaux et plus ordinaires. La prévention, en effet, concerne des positionnements d’adultes par rapport aux enfants dans la vie de tous les jours.

Etincelles-AMAS lutte contre la pédophilie et les violences faites aux enfants en Corrèze, France.